Grazie ad abbondanti iniezioni di denaro pubblico le banche hanno ritrovato il loro colorito [abituale]. Emergono addirittura dalla crisi finanziaria più grandi e più potenti che mai. E quindi ancor più in grado di prendere «in ostaggio» gli Stati all’arrivo della prossima tempesta. È il momento che i governi occidentali e le banche centrali hanno scelto per suonare di nuovo le campane a stormo contro il debito.
Messo astutamente fra parentesi finché era necessario sborsare cifre al di là di ogni comprensione logica per salvare Goldman Sachs, la Deutsche Bank o BNP Paribas, lo spettro del fallimento infine riemerge, questa volta, allo scopo di accelerare l’invasione delle logiche di redditività commerciale in attività che ne erano salvaguardate. Appesantito dalla panne economica, il peso dell’indebitamento serve una volta di più come pretesto per lo smantellamento della protezione sociale e dei servizi pubblici. Un anno fa si prediceva il coma dei liberisti, ma essi trovano nel ripetuto annuncio che «le casse [dello Stato] sono vuote» lo strumento per la loro resurrezione politica.
Non rallenteranno l’ andatura. La nuova coalizione a Berlino ha promesso 24 miliardi supplementari di euro di riduzione delle imposte, quando il deficit tedesco l’anno prossimo raggiungerà un valore vicino al 6,5% del PIL (più di due volte il tasso massimo autorizzato dal Patto per la stabilità e la crescita dell’UE). I conservatori britannici si sono impegnati a diminuire l’imposta sulle società. E in Francia, dopo l’elezione di Sarkozy, in sequenza la destra ha soppresso l’imposizione sulle ore supplementari, rizzato uno «scudo fiscale» intorno ai proventi da capitale, ridotto le imposte sulla successione e deciso di eliminare la tassa professionale pagata dalle imprese.
Un tempo i conservatori si dimostravano preoccupati di mantenere i conti in equilibrio, al punto da consentire aumenti dell’imposizione. Da circa trent’anni, al contrario, i deficit pubblici sono la loro consapevole creazione, destinata a paralizzare le velleità d’intervento della collettività. Una pratica lassista, che taglia gli introiti, si aggiunge a un discorso catastrofista che permette di respingere le spese dello Stato assistenziale.
«Reagan ha dimostrato che i deficit non contano», replicò nel 2002 il vice-presidente americano Richard Cheney al suo ministro delle Finanze, reso inquieto da una nuova riduzione delle imposte dirette. Cheney così voleva dire che i deficit non nuociono per forza a colui che li decide, poiché Reagan fu ampiamente rieletto nel 1984 dopo aver triplicato il deficit nel corso del suo primo mandato. Tuttavia la pressione sul bilancio pesa in misura maggiore sulle spalle dei successori, soprattutto quando li si sospetta di essere prodighi per il solo motivo che non sono di destra… così, per avere la minima chance di fare adottare la sua riforma del sistema sanitario, Barack Obama ha dovuto preventivamente impegnarsi a che questa non aggiungesse neppure un centesimo al debito pubblico. Quando, a proposito, si fissa questo genere di condizioni alle avventure militari?
riducendo a un terzo l’importo dell’IVA versata da bar e ristoranti, il governo francese ha recentemente sacrificato 2,4 miliardi di introiti. Qualche settimana dopo, col pretesto dell’«equità», ha recuperato 150 milioni di euro fiscalizzando le indennità giornaliere versate alle vittime degli incidenti sul lavoro. Benché dimostri eccellenti inclinazioni in materia, gli [a Sarkozy] resta molta strada da fare prima di uguagliare Reagan. Perché l’ex presidente addolciva molto le imposte dei più ricchi, e poi, dal momento che occorreva ridurre i deficit (che aveva appena scavato), chiese alle mense scolastiche di contabilizzare il ketchup come una verdura, al momento di valutare l’apporto nutrizionale dei pasti serviti agli alunni…
È in California, lo Stato del quale Reagan fu governatore, che prese l’avvio nel 1978 la controrivoluzione fiscale, che in seguito spazzò via il mondo. Laggiù le casse sono oggi totalmente vuote (il deficit, cronico da un decennio, raggiunge 26 miliardi di dollari). Giovedì 19 novembre scorso l’Università pubblica ha alzato le sue tasse d’iscrizione del 32%. Precedentemente aveva appena eliminato duemila posti di lavoro.
Testo originale:
Le Monde Diplomatique, décembre 2009
Une dette providentielle
Par Serge Halimi
Grace à des injections plantureuses d'argent public, les banques ont retrouvé leurs couleurs. Elles émergent même de la crise financière plus grosses et plus puissantes qu'avant. Et donc plus susceptibles encore de prendre les Etats «en otage » lors de la prochaine tempête. C'est le moment que les gouvernements occidentaux et les banques centrales ont choisi pour sonner à nouveau le tocsin contre la dette.
Astucieusement mis entre parenthèses tant qu'il fallait débourser des montants dépassant l'entendement pour sauver Goldman Sachs, la Deutsche Bank ou BNP Paribas, le spectre de la faillite resurgit afin, cette fois, de hâter l'invasion des logiques de rentabilité commerciale dans des activités qui en étaient préservées (lire notre dossier pages 19 à 23). Alourdi par la panne économique, le poids de l'endettement sert une fois de plus de prétexte au démantèlement de la protection sociale et des services publics. On prédisait, il y a un an, le coma des libéraux ; ils trouvent dans l'annonce répétée que « les caisses sont vides » l'instrument de leur résurrection politique.
Ils ne vont pas ralentir l'allure. La nouvelle coalition au pouvoir à Berlin a promis 24 milliards d'euros supplémentaires d'allégements d'impôts, alors que le déficit allemand atteindra déjà près de 6,5 % du produit intérieur brut l'an prochain (plus de deux fois le taux maximum autorisé par le pacte de stabilité et de croissance de l'Union européenne). Les conservateurs britanniques se sont engagés à diminuer l'impôt sur les sociétés. Et, en France, depuis l'élection de M. Nicolas Sarkozy, la droite a successivement supprimé l'imposition des heures supplémentaires, dressé un « bouclier fiscal » autour des revenus du capital, réduit les droits de succession et décidé d'éliminer la taxe professionnelle acquittée par les entreprises.
Jadis, les conservateurs se montraient soucieux de comptes en équilibre, au point de consentir à des hausses d'impôts. Depuis près de trente ans, au contraire, les déficits publics sont leur création consciente, destinée à paralyser les velléités d'intervention de la collectivité. Une pratique laxiste, qui ampute les recettes, se double d'un discours catastrophiste permettant de refouler les dépenses de l'Etat-providence.
«Reagan a prouvé que les déficits ne comptaient pas», répliqua en 2002 le vice-président américain Richard Cheney à son ministre des finances qu'inquiétait une nouvelle baisse des impôts directs. M. Cheney entendait par là que les déficits ne nuisent pas forcément à celui qui les décide, puisque Ronald Reagan fut largement réélu en 1984 après avoir triplé ceux-ci au cours de son premier mandat. Mais la contrainte budgétaire pèse plus lourd sur les successeurs, surtout quand on les soupçonne d'être prodigues au seul motif qu'ils ne sont pas de droite... Ainsi, pour avoir la moindre chance de faire adopter sa réforme du système de santé, M. Barack Obama a dû préalablement s'engager à ce qu'elle n'ajoute pas un cent au niveau de la dette publique. Quand, au juste, fixe-t-on ce genre de condition aux aventures militaires ?
EN DIVISANT par trois le montant de la TVA reversée par les cafetiers et restaurateurs, le gouvernement français a récemment sacrifié 2,4 milliards d'euros de recettes. Quelques semaines plus tard, au prétexte d'« équité», il a récupéré 150 millions d'euros en fiscalisant les indemnités journalières versées aux victimes d'un accident du travail. Bien qu'il montre d'excellentes dispositions en la matière, il lui reste du chemin à faire avant d'égaler Reagan. Car l'ancien président rendit beaucoup plus doux les impôts des plus riches, puis, parce qu'il fallait réduire les déficits (qu'il venait de creuser), il demanda aux cantines scolaires de comptabiliser le ketchup comme un légume, lorsqu'elles apprécieraient la valeur nutritionnelle des repas qu'elles servaient aux élèves...
C'est en Californie, l'Etat dont Reagan fut gouverneur, que démarra en 1978 la contre-révolution fiscale qui ensuite balaya le monde. Là-bas, les caisses sont aujourd'hui tout à fait vides (le déficit, chronique depuis une décennie, y atteint 26 milliards de dollars). Jeudi 19 novembre dernier, l'université publique a donc relevé ses droits d'inscription de 32 %. Précédemment, elle venait de supprimer deux mille emplois.
SERGE HALIMI.
Domenica 06 Dicembre,2009 Ore: 16:06