Le Monde Diplomatique, gennaio 2007 (http://www.monde-diplomatique.fr/2008/01/RAMONET/15490
Dunque così, a grande discapito dell’arrogante Europa, l’inimmaginabile è accaduto: in uno slancio di fierezza e di rivolta, l’Africa, che taluni credevano sottomessa perché impoverita, ha detto «no». No alla camicia di forza degli accordi di partenariato economico (APE). No alla liberalizzazione selvaggia degli scambi commerciali. No a queste estreme metamorfosi del «patto coloniale».

È accaduto a Lisbona, in dicembre [2007], in occasione del Secondo vertice di UE - Africa, il cui obiettivo principale era quello di costringere i Paesi africani a firmare nuovi trattati commerciali (i famosi APE) prima del 31 dicembre 2007, in applicazione dell’accordo di Cotonou (giugno 2000) che prevede la fine della Convenzione di Lomé (1975). Secondo quest’ultima le merci provenienti dalle antiche colonie d’Africa (e dei Caraibi e Pacifico) entrano nell’Unione Europea quasi senza diritti doganali, con l’eccezione dei prodotti che toccano gli interessi dei produttori europei come zucchero, carne, banane.

L’Organizzazione mondiale del Commercio (WTO) ha preteso lo smantellamento di questi rapporti preferenziali o almeno la loro sostituzione – solo mezzo, secondo il WTO, di salvaguardare la differenza di trattamento a favore dei Paesi africani – con accordi commerciali basati sulla reciprocità (1). L’Unione Europea ha preso in considerazione proprio questa seconda opzione, il libero scambio integrale camuffato sotto la denominazione «accordi di partnership economica».

In altre parole, ciò che i Ventisette esigono dai paesi dell’Africa (e da quelli di Caraibi e Pacifico (2)) è che essi accettino di lasciare entrare nei loro mercati le esportazione dell’Unione Europea (merci e servizi) senza diritti doganali.

Il presidente senegalese AbdoulayeWade ha denunciato questo forcing e ha rifiutato di sottoscrivere. Ha sbattuto la porta. Il presidente del Sud Africa, ThaboMbeki, lo ha immediatamente sostenuto. Sulla loro scia la Namibia ha ugualmente preso la coraggiosa decisione di non firmare, quando un aumento dei diritti doganali dell’Unione Europea sulla sua carne bovina segnerebbe la fine delle sue esportazioni e la morte di questa filiera.

Perfino il presidente francese, Nicolas Sarkozy, che pure a Dakar in luglio 2007 (3) aveva espresso idee fortemente sgradevoli, ha portato il suo appoggio ai Paesi che più si oppongono a questi trattati “leonini” [ndt.: diconsi leonini i patti societari che escludono alcuni soci dalla partecipazione a utili o perdite]: «Io sono per la mondializzazione, sono per la libertà – ha dichiarato – ma non sono per la spogliazione di Paesi che, d’altra parte, non hanno più nulla (4)».

Questa fronda contro gli APE – che a sud del Sahara suscitano un’immensa ondata d’inquietudine popolare e un’intensa mobilitazione dei movimenti sociali e delle organizzazioni sindacali – ha retto. Il vertice è terminato con una constatazione di fallimento. José Manuel Barroso, presidente della Commissione europea, è stato costretto a cedere e ad accettare le richieste dei Paesi africani di prosecuzione del dibattito e si è impeganto a riprendere i negoziati in febbraio prossimo.

Questa cruciale vittoria dell’Africa è un segno supplementare del momento favorevole che il Continente sta vivendo. Nel corso degli ultimi anni sono terminati i conflitti più cruenti (restano solamente quelli del Darfur, della Somalia e dell’Est del Congo) e i progressi democratici si sono consolidati. Le economie continuano a prosperare – anche se restano le disuguaglianze sociali – e sono pilotate da una nuova generazione di giovani dirigenti.

Infine un altro atout: la presenza della Cina la quale, investendo massicciamente, è sul punto di soppiantare l’Unione Europea al primo posto dei fornitori del Continente africano e potrebbe anche, d’altra parte, diventare già dal 2010 il suo primo cliente, davanti agli Stati Uniti. Sono lontani i tempi nei quali l’Europa poteva imporre all’Africa disastrosi programmi di adeguamento strutturale. L’Africa ormai si ribella. Tanto meglio.

IgnacioRamonet

(1) VediAlternativeséconomiques, Paris, décembre 2007
(2) I Paesi dei Caraibi hanno accettato, il 16 dicembre 2007, di firmare un APE con l’Unione Europea.
(3) Nel suo discorso all’Università di Dakar, il 26 luglio 2007, Sarkozy aveva dichiarato: «Il dramma dell’Africa è che l’uomo sfricano non è entrato abbastanza nella storia (…), mai si è slanciato verso l’avvenire». Si veda Anne-Cécile Robert, « L’Afrique au kärcher », Le Monde diplomatique, septembre 2007.
(4) Le Monde, 15 décembre 2007

Testo originale :


L’Afrique dit « non »
Ainsi donc, au grand dam de l’arrogante Europe, l’inimaginable s’est produit : dans un élan de fierté et de révolte, l’Afrique, que certains croyaient soumise parce qu’appauvrie, a dit « non ». Non à la camisole de force des accords de partenariat économique (APE). Non à la libéralisation sauvage des échanges commerciaux. Non à ces ultimes avatars du « pacte colonial ».
Cela s’est passé à Lisbonne, en décembre dernier, lors du IIe sommet Union européenne - Afrique, dont l’objectif principal était de contraindre les pays africains à signer de nouveaux traités commerciaux (les fameux APE) avant le 31 décembre 2007, en application de l’accord de Cotonou (juin 2000), qui prévoit la fin de la convention de Lomé (1975). Selon celle-ci, les marchandises en provenance des anciennes colonies d’Afrique (et des Caraïbes et du Pacifique) entrent dans l’Union quasiment sans droits de douane, à l’exception de produits sensibles pour les producteurs européens comme le sucre, la viande et la banane.
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a exigé le démantèlement de ces relations préférentielles, ou alors leur remplacement – seul moyen, selon l’OMC, de préserver la différence de traitement en faveur des pays africains – par des agréments commerciaux fondés sur la réciprocité (1). C’est cette seconde option qu’a retenue l’Union européenne, le libre-échange intégral camouflé sous l’appellation « accords de partenariat économique ».
Autrement dit, ce que les Vingt-Sept exigent des pays d’Afrique (et de ceux des Caraïbes et du Pacifique (2)), c’est d’accepter de laisser entrer dans leurs marchés les exportations (marchandises et services) de l’Union européenne, sans droits de douane.
Le président sénégalais Abdoulaye Wade a dénoncé ce forcing et a refusé de signer. Il a claqué la porte. Le président de l’Afrique du Sud, M. ThaboMbeki, l’a immédiatement soutenu. Dans la foulée, la Namibie a également pris la courageuse décision de ne pas signer, alors qu’une augmentation des droits de douane de l’Union européenne sur sa viande bovine marquerait la fin de ses exportations et la mort de cette filière.
Même le président français, M. Nicolas Sarkozy, qui avait pourtant eu des mots fort malheureux à Dakar en juillet 2007 (3), a apporté son appui aux pays les plus opposés à ces traités léonins : « Je suis pour la mondialisation, je suis pour la liberté – a-t-il déclaré –, mais je ne suis pas pour la spoliation de pays qui, par ailleurs, n’ont plus rien (4). »
Cette fronde contre les APE – qui suscitent, au sud du Sahara, une immense vague d’inquiétude populaire ainsi qu’une intense mobilisation des mouvements sociaux et des organisations syndicales – a porté. Le sommet s’est terminé sur un constat d’échec. M. José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, a été contraint de céder et d’accepter la revendication des pays africains de poursuivre le débat. Il s’est engagé à reprendre les négociations en février prochain.
Cette cruciale victoire de l’Afrique est un signe supplémentaire du moment favorable que connaît le continent. Au cours des dernières années, les conflits les plus meurtriers se sont terminés (seuls demeurent ceux du Darfour, de la Somalie et de l’est du Congo), et les avancées démocratiques ont été consolidées. Les économies continuent de prospérer – même si les inégalités sociales demeurent – et sont pilotées par une nouvelle génération de jeunes dirigeants.
Autre atout enfin : la présence de la Chine, qui, investissant massivement, est sur le point de supplanter l’Union européenne au premier rang des fournisseurs du continent africain, et qui, par ailleurs, pourrait devenir, dès 2010, son premier client, devant les Etats-Unis. Il est loin le temps où l’Europe pouvait imposer de désastreux programmes d’ajustement structurel. L’Afrique se rebiffe désormais. Et c’est tant mieux.
Ignacio Ramonet
(1) Lire Alternatives économiques, Paris, décembre 2007.
(2) Les pays des Caraïbes ont accepté, le 16 décembre 2007, de parapher un APE avec l’Union européenne.
(3) Dans son discours à l’université de Dakar, le 26 juillet 2007, M. Sarkozy avait déclaré : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire (...), jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. » Lire Anne-Cécile Robert, « L’Afrique au kärcher », Le Monde diplomatique, septembre 2007.
(4) Le Monde, 15 décembre 2007.